Digital Papa, comment je gère le temps d'écran de ma fille de 3 ans ?

Heureux Papa d’une petite fille de bientôt 3 ans au moment où j’écris ces lignes, je me pose la question, comme beaucoup de parents, de comment la protéger des écrans. Difficile de convaincre son enfant quand on ne parvient pas soi-même à modérer son usage du numérique…

Digital Papa, comment je gère le temps d'écran de ma fille de 3 ans ?

L’usage des écrans chez les plus jeunes est un problème largement sous-évalué. Les études sont nombreuses, toutes plus culpabilisantes les unes que les autres. Soyons clairs, je ne pense pas qu’un abus d’écran soit recommandé, et surtout je ne suis pas médecin. Pour autant, nous avons tous vécus avec notre temps, et les problèmes qui l’accompagnent. Ma génération est celle du tabac un peu partout, un bonheur pour les nouveaux-nés, l’alimentation à base de charcuterie, etc. J’ai été moi-même plutot épargné mais c’est un fait. Cette nouvelle génération va sûrement subir les conséquences de cette surexposition aux écrans avec les conséquences que cela implique, physiquement et mentalement. Ce sera sans doute l’un des maux de cette génération.

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Les écrans sont-ils le seul problème ?

Les écrans représentent un problème en soi. Agressif pour les yeux, gourmand en ressources neuronales, altérant le sommeil, etc. Ceci n’est pas nouveau, c’est un problème connu qui l’était déjà, à moindre échelle, du temps des écrans de tv que de nombreux enfants avaient dans leur chambre.

Comme beaucoup d’ados de mon époque, j’avais d’ailleurs une tv dans la chambre… devant laquelle je m’endormais. Au moins, je m’endormais. Puisque les ados de notre époque peuvent, du soir au matin, non-stop, jouer en ligne grâce au pc dans leur chambre ou les réseaux sociaux sur leur mobile.

Tout est une question d’équilibre. Et chacun sa définition d’équilibre… Le tout est de définir ce qui est acceptable, tant pour les parents que pour l’enfant. On sait d’ailleurs très bien qu’un adolescent qui veut passer la nuit devant son écran, trouvera un moyen de le faire.

Mais dans ce cas précis, l’écran n'est pas le problème, mais plutôt l’usage qui en est fait.

Regarder une saison entière de Squid Game n’aura pas le même impact que de regarder un documentaire de 50min, que de jouer à Call of Duty, de passer son temps sur les réseaux sociaux ou encore devant des videos pornographiques. Et je ne parle là que des sollicitations destinées aux adolescents mais les sollicitations des écrans existent pour des personnes de tout âge. Et devinez quoi ? Le problème existe à peine quelques mois seulement après la naissance … voire avant.

Plutôt que d’interdire (ou de s’interdire), apprenez à filtrer, modérer et maîtriser son usage.

Certes en parcourant un flux TikTok ou autre, on ressent une certaine satisfaction immédiate (la fameuse dopamine). Mais quelle est votre sentiment après avoir déroulé des micro-vidéos pendant 2h ? Vous sentez-vous grandi ? Il y a peu de chance que vous répondiez par l’affirmative à cette question.

Et c’est tout à fait normal puisque des équipes entières travaillent à un algorithme qui mettra tout en oeuvre pour que les utilisateurs restent le plus longtemps possible devant ces applications.

Comment concrètement ? En vous proposant ce que vous voulez voir (selon l’algorithme). Le Wall Street Journal a investigué sur le fonctionnement du contenu proposé sur un flux TikTok. Le journaliste a créé un compte factice qui a montré de l’intérêt sur des vidéos tristes en les mettant en pause, en interagissant et en les regardant plusieurs fois. Il s’avère qu’après moins de 300 mini vidéos, ce qui est très peu à l’échelle de TikTok, le réseau social ne présente quasi intégralement que des contenus tristes et de ruptures amoureuses.

Ceci n’est qu’un exemple mais c’est pour ces raisons qu’en tant que parents, nous devons permettre à nos enfants de prendre conscience de l’absence d’objectivité des contenus qui leur sont adressés. Désormais, les nouveaux parents ont des repères que leurs enfants n’ont pas puisqu’ils ont toujours vécu avec ces medias. Ce rôle qui est le nôtre en tant que parents, nous devons le prendre au sérieux.

On aurait facilement tendance à croire que ces questions peuvent être posées plus tard. Pour autant, un enfant, même d’un an, comprend très bien beaucoup de choses sur l’usage d’un téléphone. À 18mois, ma fille a déverrouillé pour la première fois mon iPhone, pourtant protégé par un code à 6 chiffres. Flippant ou impressionnant ? J’hésite encore …

Quel équilibre je trouve avec ma fille ?

Mon activité professionnelle est numérique. Cela me permet d’avoir un métier parfaitement adapté au télétravail. Et par conséquent de pouvoir me rendre disponible pour ma fille. Est-ce positif ? Oui, évidemment.

Est-ce optimal pour son équilibre « numérique » ? Pas si sûr…

Mon activité est numérique. Et essentiellement numérique. Comment expliquer à un enfant de deux ans et demi que passer son temps devant un écran n’est pas bien quand on en passe, devant elle, soi-même une journée entière ?

Ma réponse, c’est d’abord de ne justement pas passer sa journée devant un écran, y compris dans des périodes où je code énormément. Une vision obsolète est de penser qu’être développeur serait, et je cite le pire manager que j’ai pu rencontrer : « pisser du code ». Rien de moins efficace… Un bon développeur prendra le temps de se poser les bonnes questions. Et pas besoin d’écrans pour ça.

Mais je plaide coupable : il m’arrive trop souvent d’accorder l’écran à ma fille quand j’ai besoin de calme et qu’elle en a assez de faire la cuisine sur sa kitchenette, des dessins ou des puzzles…

D’après cette étude de Santé Public France parue en Janvier 2020 sur l’exposition aux écrans chez les jeunes enfants, les enfants surexposés présenteraient des troubles de développement du langage. Le développement du langage peut bien sûr être corrélé à un usage trop important de l’écran.

Statistiquement, ma fille fait probablement partie des enfants ayant passé trop de temps devant un écran. Mais ceci ne l’empêche pas de se débrouiller d’ores et déjà très bien dans de nombreux domaines. Elle comprend et parle déjà plusieurs langues, elle connait déjà l’alphabet, sait compter, sait déjà dessiner des bonhommes, faire des puzzle d’une cinquantaine de pièces seule… Il y a sans doute une part de fierté de Papa, mais sa surexposition aux écrans ne semble pas handicaper son développement pour l’instant.

Cette notion de trouble au développement est avant tout en corrélation avec l’équilibre de l’usage. Quand un enfant est souvent devant l’écran, cela signifie souvent également que ses parents ne lui apportent pas suffisamment d’attention. Dans ce cas, c’est bien sûr très problématique. Mais je considère qu’un usage équilibré de l’écran en préservant une forte sollicitation des parents ne remet pas en question le bon développement de l’enfant. J’ai pourtant longtemps pensé être un papa anti-digital. Mais chassez le naturel…

Un usage équilibré passe par un usage maîtrisé et proactif. Laissez vos enfants seuls devant l’écran, ils parviendront à des contenus dont vous ignorez l’existence bien plus vite que vous ne pouvez l’imaginez.

Concrètement, ça donne quoi ? Ma fille sait utiliser un iPhone et un iPad (que j’ai fini par lui interdire, justement par souci d’équilibre). Mais elle sait également qu’elle ne peut utiliser que Youtube en version Kid; et elle ne choisit pas d’autres applications. Cette version de Youtube permet de créer un compte sur lequel vous avez un contrôle parental vous permettant de vous assurer du type de contenus visionnés. Il est important de prendre le temps de regarder les vidéos ensemble. Et de procéder aux désinscriptions et blocages des comptes inappropriés.

Il n’est pas question ici de trouver normal qu’un jeune enfant passe un temps fou devant les écrans. Mais finalement, quitte à accorder du temps d’écran, autant que les contenus soient connus et rassurant. Par défaut, la version Kids de Youtube (et de Netflix) filtrent déjà les vidéos. Mais, si en plus je vois des vidéos que je trouve inappropriées, je peux également les bloquer pour partager avec ma fille des valeurs qui me sont chères. Je donne souvent l’exemple d’enfants youtubeurs que j’ai bloqué, qui comptent pourtant des centaines de millions de vues. Dans l’une de leurs vidéos, la notion de partage est abordée en achetant une maisonnette rose à la soeur, puisque le frère venait de recevoir une maison bleue. Non, ceci n’a rien à voir avec du partage… Mais ça nécessiterait un autre (long) débat !

Les grands patrons du numérique limitent souvent l’usage des outils numériques chez leurs enfants. Pour ma part, avec le recul, je considère que si l’enfant est accompagné activement et raisonnablement dans son usage, il y a tout de même beaucoup de contenus en ligne pour les aider à se développer intellectuellement. Regarder des vidéos dans toutes les langues m’aurait plu, apprendre à compter, apprendre les couleurs et même découvrir ses émotions. Les sujets sont vastes et tous les parents ne savent pas comment les transmettre de manière adroite. Alors si le numérique peut donner un coup de pouce …